Emplois Packaging cosmétique : quand les attentes divergent entre entreprises et candidats

Le dernier rapport DARES confirme une tendance de fond : avec -93 900 postes salariés privés sur un an mais des déclarations d’embauche en CDI repartant à la hausse, le marché du travail est devenu un terrain d’experts. Dans le packaging cosmétique, cette réalité amplifie les divergences entre attentes des entreprises et des candidats.

Le paradoxe actuel est saisissant : l’emploi salarié net recule (-0,4 % sur un an) mais le taux d’emploi atteint un record historique (69,6 %). Cette transformation structurelle redéfinit les règles du jeu. Avec un vivier de candidats disponibles restreint, la concurrence porte désormais sur les profils déjà en poste.
Dans l’industrie, les entreprises déclarent plus souvent des difficultés de demande (manque de clients) que des difficultés d’offre (manque de personnel). L’enjeu business prime sur la pénurie de profils, et chaque recrutement doit démontrer sa capacité à générer de l’activité commerciale.

Ce que recherchent vraiment les entreprises

Face aux enjeux immédiats du marché, les entreprises du packaging cosmétique recherchent avant tout l’efficacité opérationnelle. Elles privilégient des profils capables de générer des résultats concrets rapidement : 5 à 8 ans d’expérience, maîtrise technique et commerciale simultanée, spécialisation sectorielle précise.
Pour les commerciaux et technico-commerciaux, les attentes portent sur une expertise sectorielle immédiate : connaissance des process, des contraintes réglementaires, des circuits de décision clients. L’entreprise mise sur l’expérience pour réduire le temps d’adaptation et sécuriser la performance.
Face à un marché qui ne croît plus, elles recherchent particulièrement des profils "hunters" capables de développer de nouveaux comptes et de conquérir des parts de marché sur la concurrence. Cette capacité de prospection et de développement commercial devient un critère différenciant majeur.
Pour les chefs de projet, l’accent est mis sur la capacité de coordination transversale et une grande adaptabilité aux modifications multiples en cours de projets. Face aux délais serrés et aux enjeux de développement durable, ils attendent une autonomie complète dans la gestion des projets et une vision business affirmée.
L’objectif central : identifier LE talent capable de relancer ou de développer l’activité commerciale. Car le marché ne se développe plus : il faut préserver sa part de marché, voire en conquérir de nouvelles dans un contexte où la demande globale stagne ou diminue sur certains besoins.

Les nouvelles exigences des candidats

En miroir, les candidats du secteur adoptent une approche plus stratégique de leur carrière. Dans un marché de rotation où la mobilité devient la norme, ils évaluent chaque opportunité selon six critères essentiels :
La transparence des enjeux : visibilité sur le contexte de l’entreprise, les défis du poste, les attentes réelles et le niveau d’autonomie requis. Dans un environnement où la prudence règne, changer d’entreprise est insécurisant : il faut savoir où on met les pieds.
L’intérêt de la mission et l’alignement de valeurs : véritable recherche de solutions RSE, respect de l’environnement, développement de matériaux "propres". Les candidats veulent contribuer à des projets porteurs de sens, en cohérence avec les enjeux environnementaux du secteur.
Les perspectives d’évolution : apprendre d’autres technologies, découvrir de nouvelles façons de faire, rencontrer de nouveaux types de clients. Les candidats cherchent à enrichir leur expertise sans être cantonnés à l’opérationnel.
La reconnaissance financière : packages attractifs avec variable pour les commerciaux, cohérence entre performance individuelle et collective. L’absence de variable devient problématique dans un secteur où la contribution personnelle reste mesurable.
La stabilité de l’organisation : solidité financière, vision stratégique claire, management moderne. Les candidats analysent finement les signaux de pérennité de l’entreprise.
L’environnement technologique : outils performants, systèmes d’information modernes, supports efficaces pour la gestion clientèle. L’obsolescence technologique jette une ombre sur l’image globale de l’entreprise et fait douter de sa capacité d’innovation.

Les particularités sectorielles à intégrer

Transmissions familiales et évolutions managériales
Le secteur du packaging cosmétique, historiquement riche en PME et entreprises familiales, connaît de nombreuses transmissions. Ces transitions s’accompagnent naturellement d’évolutions : nouveaux modes de management, changement d’ambiance de travail, renouvellement des équipes. Quand une figure historique reconnue par le métier quitte l’entreprise, cela peut générer des interrogations chez les candidats sur la nouvelle culture d’entreprise.

Rachats et recompositions
Les acquisitions par de grands groupes soulèvent des questions sur l’organisation future, la stabilité des équipes et le maintien des projets. Les candidats évaluent naturellement ces éléments dans leur prise de décision.

Réputation et circulation de l’information
Dans ce secteur où les acteurs se connaissent, les informations circulent rapidement. La réputation des managers, les résultats des entreprises, mais aussi les approches de management plus traditionnelles ou contrôlantes : ces éléments influencent directement l’attractivité des postes.

Développement commercial et constitution de portefeuille
L’évolution vers le packaging primaire attire de nombreux candidats désireux de découvrir de nouvelles technologies. Ils mettent en avant leur capacité d’apprentissage rapide, tandis que les entreprises questionnent cette montée en compétences face à leurs enjeux immédiats.
Un autre défi émerge : peu de candidats acceptent de reconstituer un portefeuille clients de zéro. Les cycles de conquête sont longs, l’effort à fournir significatif.

Construire des ponts entre les attentes

Pour les entreprises, l’enjeu consiste à clarifier leurs attentes tout en étant réalistes sur les délais d’intégration. Communiquer sur l’évolution de l’organisation, les projets en cours, la culture managériale permet aux candidats d’évaluer sereinement l’opportunité.
Sur le développement commercial, comment encourager l’investissement des candidats dans la constitution d’un portefeuille ? La question de l’accompagnement financier pendant cette phase devient centrale : prime d’objectifs progressive, garantie de revenus, bonus de développement commercial.

Côté candidats, l’explicitation des motivations de mobilité, des compétences acquises et du potentiel d’adaptation facilite l’évaluation par les entreprises. La connaissance fine du secteur, de ses enjeux et de ses contraintes renforce la crédibilité.

Pour les recruteurs, l’enjeu réside dans l’accompagnement véritable de cette prise de décision. Être beaucoup dans l’échange, savoir rassurer le candidat dans la bascule tout en restant transparent. Un vrai accompagnement qui identifie les motivations profondes et anticipe les bonnes affinités au bon moment.

Vers une approche plus collaborative

Dans ce contexte d’attentes divergentes, la réussite des recrutements passe par une approche relationnelle renforcée. Travailler une base de talents spécialisés, comprendre leurs parcours et leurs moteurs, anticiper leurs besoins d’évolution : autant d’éléments qui permettent de créer les conditions d’une rencontre réussie.
L’objectif n’est plus seulement d’aligner un CV et une fiche de poste, mais de créer les conditions d’une collaboration durable, en phase avec les réalités du secteur et les aspirations de chacun.


Ioulia Mikaïloff
Identités Remarquables - ioulia.mikailoff@identites-remarquables.fr